Monte-Carlo : Tsitsipas poursuit son règne

 - Romain Vinot

Tenant du titre, Stefanos Tsitsipas est parvenu à conserver sa couronne à Monte-Carlo, au terme d’un tournoi enthousiasmant et prometteur.

Stefanos Tsitsipas / Monte-Carlo 2022©Corinne Dubreuil / FFT

Arrivé avec de l’ambition mais également beaucoup à perdre, Stefanos Tsitsipas a finalement conservé son titre à Monte-Carlo, le huitième de sa carrière et le deuxième en Masters 1000. Une performance qui le fait entrer dans un cercle très fermé et qui lui donne naturellement de bonnes idées pour la suite de la saison.

De l’ombre à la lumière

Allongé sur le court puis à genoux pour profiter de l’instant, Stefanos Tsitsipas a tenu à savourer son deuxième titre consécutif à Monte-Carlo. S’il ne s’agit pas d’une libération à proprement parler, le Grec avait besoin de se rassurer et de soulever un trophée, le premier depuis mai 2021 à Lyon. Auteur d’une magnifique première partie de saison l’an dernier bouclée par une finale épique mais perdue à Roland-Garros contre Novak Djokovic, il avait ensuite connu une baisse de régime avant de mettre précocement un terme à son exercice pour se faire opérer du coude. Une chirurgie nécessaire et salvatrice mais qui a failli lui coûter sa participation à l’Open d’Australie, durant lequel il s’est tout de même hissé dans le dernier carré, seulement battu par Daniil Medvedev. Une belle performance qu’il n’a pas réussi à confirmer, s’inclinant dès les seizièmes de finale à Indian Wells (contre Jenson Brooksby) puis en huitièmes à Miami (face à l’ovni Carlos Alcaraz).

S’il n’est pas non plus arrivé en Principauté sur la pointe des pieds, les interrogations étaient nombreuses quant à sa motivation et sa capacité à préserver son bien et ses points glanés l’an dernier. Dans l’ombre de Novak Djokovic et Carlos Alcaraz - très attendus pour l’ouverture de la saison sur terre battue - le désormais 5e joueur mondial a finalement attiré toute la lumière en réalisant une excellente semaine, prouvant si cela était encore nécessaire qu’il est un redoutable joueur sur ocre. Vainqueur de Fabio Fognini, Laslo Djere, Alexander Zverev et Alejandro Davidovich Fokina sans perdre le moindre set, il a également su faire preuve de ressources mentales et psychologiques pour prendre le meilleur sur Diego Schwartzman en quarts, alors que l’Argentin menait 4-0 dans la dernière manche.

"Doublement spécial"

Une victoire et du caractère qui lui ont servi en finale face à Alejandro Davidovich Fokina, tombeur de Novak Djokovic, Taylor Fritz ou encore Grigor Dimitrov et tout proche de s’offrir un troisième set alors que le Grec avait servi pour le gain de la rencontre. "Les choses ne tournaient pas en ma faveur, mais ça ne m’a pas empêché de continuer à essayer de trouver des solutions. Je savais qu'il allait être relâché à 5-4 contre lui. Ses frappes étaient plus lourdes, ses balles tournaient davantage. Il trouvait beaucoup plus de profondeur, avec de bons retours sur mes services. Donc c'était un super débreak pour lui, mais je ne voulais pas m'arrêter à ça. J'ai continué à pousser au maximum, et je savais que le tie-break était l'occasion de tout donner pour gagner " a confié un Tsitsipas victorieux et soulagé (6/3, 7/6(3)).

Les doutes envolés expliquent en partie sa joie intense après le dernier point, même si elle est également liée aux nombreux encouragements des spectateurs, heureux de pouvoir soutenir leur champion après une édition 2021 à huis-clos. "C'est un sentiment formidable. C'était un peu plus animé que l'an dernier ! C’est doublement spécial, avec les fans qui crient et chantent, et ce combat en fin de match. Il n'y a pas eu beaucoup de beau tennis, mais il a fallu travailler dur sur chaque point et dépasser ses limites" a-t-il poursuivi.

De glorieux prédécesseurs

Réaliser un back-to-back à Monte-Carlo est une performance remarquable qu’il ne faut pas minimiser. Avant le Grec, seuls cinq joueurs étaient parvenus à le faire : Ilie Nastase (1971-73), Björn Borg (1979-80), Thomas Muster (1995-96), Juan Carlos Ferrero (2002-03) et Rafael Nadal (2005-12, 2016-18). "C'est très encourageant. Je veux vraiment améliorer cette statistique et la rendre encore meilleure" a-t-il poursuivi.

De glorieux prédécesseurs qui ont également tous remporté Roland-Garros, ce qui n’a évidemment pas échappé au finaliste de la dernière édition du Grand Chelem parisien. Mais au-delà de la quête d’un premier Majeur, Stefanos Tsitsipas vise la constance, la progression et… la deuxième place mondiale ! "J’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même sur terre battue et de m’adapter aux autres surfaces. Je veux vraiment bien faire sur gazon et sur dur cette année car je sens que je peux marquer beaucoup de points. Si je suis capable de gagner des matchs avec la même régularité que sur ocre, je pense que j’ai de grandes chances de terminer l’année dans le top 2. C’est un de mes grands objectifs, je veux appartenir à ce groupe spécial de joueurs" a-t-il conclu.

Une régularité et une recherche de résultats qui seront mises à l’épreuve dès cette semaine à Barcelone, tournoi où il était finaliste l’an passé.