Jasmine Paolini : "Cette année, une nouvelle histoire commence"

Après avoir décroché son ticket pour le troisième tour de l’Open d’Australie, Jasmine Paolini a répondu aux questions de Roland-Garros.com.

Jasmine Paolini / Premier tour Open d'Australie 2025©Corinne Dubreuil / FFT
 - Simon Cambers

Syndrome du deuxième album, crainte de la page blanche, ou encore blues de la deuxième saison, appelez ça comme vous le souhaitez, mais de nombreux sportifs l’expérimentent : la difficulté de continuer de briller après une première année éclatante.

Le Néerlandais Martin Verkerk a atteint la finale de Roland-Garros en 2003 et n’a pratiquement plus joué après. Gaston Gaudio a remporté le titre en 2004 et n’a plus fait parler de lui. Beaucoup d’autres ont connu un grand succès en Grand Chelem mais n’ont ensuite plus fait grand-chose sur la scène internationale.

Pour Jasmine Paolini, réitérer ses performances de l’année 2024 semble presque mission impossible. L’Italienne, qui avait seulement gagné quatre matchs en seize apparitions en Grand Chelem avant janvier dernier, a gagné depuis le plus grand titre de sa carrière, à Dubaï, atteint la finale de Roland-Garros, disputé également celle de Wimbledon, décroché la médaille d’or du tournoi des Jeux olympiques en double, aux côtés de Sara Errani, et mené l'équipe d'Italie en Billie Jean King Cup au succès final.

La transformation relève presque du miracle. Elle qui manquait de confiance en elle auparavant et ne pensait pas appartenir au plus haut niveau s'est retrouvée à danser sur le court, pleine d'assurance, un sourire contagieux aux lèvres. Au stade Roland-Garros d'abord, à Wimbledon ensuite puis à Paris de nouveau, lorsque les Jeux olympiques ont fait escale dans la capitale française. Elle a ensuite atteint les Finales WTA – en simple et en double – et a terminé l’année au 4e rang mondial, après l’avoir débutée en 29e position.

Le plus difficile commence pour elle : confirmer, même si ce n'est pas ainsi que l'Italienne voit les choses.

"L'an dernier c’est du passé" a-t-elle raconté à Roland-Garros.com à Melbourne Park, ce jeudi après son succès en deux sets contre Renata Zarazua. "Cette année, une nouvelle histoire commence. J’essaie de ne pas avoir trop d’attentes, de simplement jouer mon tennis, progresser dans certains aspects de mon jeu, et nous verrons bien ce que 2025 nous réserve !"

Comparer cette saison qui début avec l'an passé "n’a pas de sens" ajoute-t-elle encore. La pression de défendre tous ces points, ces titres et ces finales est largement suffisante.

Il a fallu plusieurs années à Paolini avant de véritablement croire en elle. Pendant longtemps, elle pensait être une bonne joueuse seulement. Pas de celles qui font partie des meilleures. Pas du calibre de celles qui vont loin en Grand Chelem.

Cette vision d’elle-même a commencé à changer l’an dernier, lorsqu’elle est arrivée en Australie. Après s’être inclinée au premier tour à Melbourne lors de ses quatre précédentes apparitions, une victoire face à Diana Shnaider lui a permis de gagner en confiance jusqu’aux huitièmes de finale – où elle s’est finalement inclinée contre Anna Kalinskaya. Des performances ascendantes et le début de quelque chose de plus grand pour celle qui a ensuite disputé la plus belle saison de sa carrière.

"C’était très important," a-t-elle ajouté. "Je n’avais encore jamais gagné un match à l’Open d’Australie. J’étais vraiment très heureuse après cette victoire au premier tour, et j’ai encore gagné deux matchs en Grand Chelem après ça pour la première fois, ça m’a donné confiance en moi pour le reste de l’année je dirais. J’ai de très bon souvenirs de ces moment-là".

Quelques jours avant le début du tournoi cette année, Paolini s’est rendue à un événement Asics en ville, où elle a résumé ses douze derniers mois. "C’était une saison exceptionnelle. Je ne m’y attendais pas. J’ai vraiment aimé être sur le court pour jouer des matchs importants contre des adversaires incroyables, sur les meilleurs courts du monde".

Son intention de ne pas avoir trop d’attentes cette année est certainement sage. Égaler ses prestations de l’an passé pourrait s’avérer impossible et perdu d’avance, même si elle atteint les demi-finales en Grand Chelem au lieu des finales, ça pourrait être vécu comme une déception. Son classement dépend fortement de ses performances à Paris et Wimbledon et il est tout à fait possible qu’elle sorte du Top 10, même si elle réalise une belle performance – voire brillante. Mais l’Italienne est désormais à l’aise sur le court et semble parfaitement détendue.

Néanmoins, elle admet être impatiente de retourner à Paris et à Londres cet été, avec l’espoir de faire mieux, en particulier à Wimbledon, où elle avait battu Donna Vekic au terme d’une manche décisive avant de rejoindre la finale.

"C’était stressant, mais l’émotion que j’ai ressenti juste après le dernier point était fantastique, a-t-elle décrit. Je me sentais tellement bien, tellement heureux et détendue aussi. C’est sûrement l’un des plus beaux souvenirs de mon année. J’ai la chance d’en avoir d’autres, comme la médaille d’or. Ça aussi c’était incroyable !"

Pour le moment, elle se concentre sur son parcours à Melbourne, même si elle garde un œil sur son avenir aussi. "Bien sûr, ça va être très excitant d’y retourner (à Roland-Garros et à Wimbledon) mais pour le moment, je suis concentrée sur l’Open d’Australie".

Jasmine Paolini, Iga Swiatek, finale, Roland-Garros 2024©Nicolas Gouhier / FFT