RG 19 : Djokovic sur le bon chemin

 - Amandine Reymond

Après plus de trois mois sans titre, Novak Djokovic a renoué avec le succès à Madrid, juste avant Roland-Garros...

Vainqueur en deux sets contre Stefanos Tsitsipas en finale du Masters 1000 de Madrid, Novak Djokovic a remporté son premier titre depuis l’Open d’Australie en janvier. A deux semaines de Roland-Garros, le Serbe est totalement relancé. 

On le sentait venir depuis quelques semaines. Novak Djokovic va mieux et il l’a prouvé en Espagne. Au sommet depuis le mois de juillet dernier lorsqu’il avait remporté Wimbledon avant d’enchaîner avec l’US Open et l’Open d’Australie en début d’année, le Serbe avait pris un peu de repos en février avant de connaître une petite baisse de régime. 

Aux Etats-Unis, pour son retour sur le circuit, il n’avait pas convaincu. Peinant à retrouver son meilleur niveau et sa sérénité le numéro un mondial a connu trois mois d’errance, disparaissant dès le troisième tour à Indian Wells face à Kohlschreiber, puis en huitièmes à Miami éliminé par Bautista Agut. Mais, dès Monte-Carlo, la dynamique semblait s’être inversée et Madrid l’a confirmé.

"Monte-Carlo a évidemment été meilleur qu’Indian Wells et Miami où je ne me sentais pas au mieux, où je n’évoluais pas à mon meilleur niveau, avait d’ailleurs analysé le Serbe cette semaine à Madrid. Evidemment c’est décevant quand vous perdez contre des joueurs contre lesquels vous êtes censés gagner, surtout parce que j’étais dans une bonne dynamique depuis si longtemps. Mais il faut avancer. Ce n’est pas la première fois de ma carrière que je fais face à ces hauts et bas. Je sais ce que j’ai à faire et l’avantage avec le tennis c’est qu’on a chaque semaine l’occasion de faire mieux et de rectifier certaines choses quand on sent que ça ne fonctionne pas. Je construis lentement." 

Objectif Grand Chelem sur deux saisons à Roland-Garros

Tous les titres sont bons à prendre, même quand on en compte déjà 74, mais Novak Djokovic, désormais au sommet (à égalité avec Rafael Nadal) de la hiérarchie des joueurs ayant remporté le plus de titres en Masters 1000 (33), n’a pas caché sa priorité de la saison. "C’est à Roland-Garros que je veux être au meilleur niveau."

Roland-Garros, un objectif toujours prioritaire pour le Serbe, mais peut-être encore un peu plus cette saison car une victoire Porte d’Auteuil permettrait au numéro un mondial de réussir le Grand Chelem sur deux saisons pour détenir, comme en 2016, tous les titres du Grand Chelem en même temps.

Lui, qui est déjà devenu en janvier le premier joueur de l’histoire à remporter trois titres du Grand Chelem consécutifs pour la troisième fois de sa carrière (2011-2012, 2015-2016, 2018-2019), marquerait alors encore un peu plus l’histoire du tennis. Un possible événement qu’il aborde toutefois beaucoup plus sereinement que lorsqu’il avait réussi cet exploit en 2015-2016. 

"Avoir réussi ça en 2016 est peut-être le plus grand accomplissement de ma carrière. Mais, après l’évidente excitation et joie d’avoir accompli ça, je me suis retrouvé dans une situation émotionnelle compliquée à laquelle je ne m’attendais pas. Je me suis senti vide et il m’a fallu du temps pour redéfinir ce que je voulais tirer de ma carrière, pourquoi et comment je voulais continuer à jouer au tennis et d’où allait venir la motivation.

Ça été un tournant de ma carrière et même de ma vie. Quand je repense à ces moments, je suis reconnaissant d’en être passé par là car, comme tout le monde, j’étais réfractaire au changement mais j’en avais besoin pour évoluer et continuer à grandir.

Maintenant c’est assez incroyable. Je suis de nouveau dans la même position. Si je gagne Roland-Garros, je réussirai encore cette performance historique. Mais je pense que je l’aborde avec davantage d’expérience. Je me mets moins de pression. Si ça arrive, je le gérerai complètement différemment de ce que j’ai fait il y a trois ans mais le chemin reste long."

  

L'importance de la stabilité

De nouveau entouré de son équipe historique depuis la fin de la saison dernière, Novak Djokovic était également accompagné, à Madrid, de son frère Marko, promu coach en l’absence de Marian Vajda, resté en famille. "C’est la personne idéale pour remplacer Marian. On se connaît évidemment parfaitement, on s’est entraînés si souvent ensemble, on joue des doubles ensemble… Le fait qu’il me coache est un peu différent mais on s’est bien habitués. Parfois je ne suis pas facile sur le court mais il est tolérant, très patient et impliqué, il est génial."



Expert des points clés

En Espagne, s’il n’a pas encore évolué au niveau stratosphérique qui était parfois le sien en 2018, Novak Djokovic a su serrer le jeu dès qu’il en a eu besoin. Comme face à Jérémy Chardy contre qui il a parfaitement sauvé une balle de set au troisième tour. Parfois imprécis sur le court lors de sa semaine madrilène, le Serbe a fait, comme souvent, la différence dans les moments importants en retrouvant toute sa solidité pour sauver 80% des balles de break concédées sur l’ensemble du tournoi (12/15) et en convertissant 67% des occasions qu’il s’est procurées. 

Surtout, il a soigné son attitude. Ne bronchant pas lorsqu’il a par exemple écopé de trois avertissements pour dépassement de temps face à Thiem en demi-finale. Ni lorsque l’arbitre l’a de nouveau rappelé à l’ordre pour la même raison en finale.

Le Djokovic espagnol n’est pas encore "SuperNole", le Serbe n’a pas écrasé ses adversaires comme il a l’habitude de le faire à son meilleur mais son niveau moyen est déjà beaucoup plus haut que ces derniers mois et "Nole" est déterminé à monter en puissance jusqu'à Roland-Garros. "Je n’ai pas perdu un set de la semaine et ce titre est très important pour moi à ce moment de la saison car ça me donne de la confiance pour Rome mais aussi pour Roland-Garros où je veux être à mon meilleur niveau, a-t-il répété après sa victoire contre Tsitsipas. Grâce à mon expérience, je sais comment augmenter l’intensité des entraînements pour arriver au top pour les Grands Chelems". Ses adversaires sont prévenus, Novak Djokovic sera au rendez-vous à Paris !