Victoire Hugo !

 - Rémi Bourrieres

Le malicieux joueur français a sorti Stan Wawrinka en cinq sets.

Hugo Gaston Roland-Garros 2020© Corinne Dubreuil / FFT

C'est un exploit majuscule, sensationnel, l'une des plus phénoménales surprises causées par un joueur français en Grand Chelem ces dernières années. A 20 ans, Hugo Gaston a sorti le match de sa vie sur le court Suzanne-Lenglen pour battre le vainqueur de l'édition 2015, Stan Wawrinka (n°16), en cinq sets et 3h10 de toute beauté, 2/6, 6/3, 6/3, 4/6, 6/0.

Âgé de 20 ans et classé 239e mondial, le Toulousain, titulaire d'une invitation, a livré une prestation enchanteresse pour faire dérailler la belle horlogerie suisse, qui n'avait perdu qu'une seule fois en 10 confrontations contre des Français à Roland-Garros, contre Jo Tsonga en 2012.

Hugo la malice

La surprise est d'autant plus grande que Stan avait impressionné lors de ses deux premiers tours face à Andy Murray et Dominik Koepfer. Son début de match semblait dans la même lignée : lourd, puissant, massif.

Mais une fois surmonté, de son côté, une nervosité initiale compréhensible, Gaston a sorti sa boîte à malices et commencé à distiller des friandises dans tous les sens : amorties, contre-amorties, lobs, passings, chops, tweener, et plus généralement une alternance de gifles et de caresses à rendre fou un bonze tibétain.

Plus le match avançait, moins Wawrinka parvenait à déborder son adversaire, qui semblait lire en lui comme dans un livre ouvert. Contraint de forcer, le triple vainqueur en Grand Chelem partait ainsi de plus en plus souvent à la faute.

Son aura et son expérience lui ont permis d'arracher le 4e set presque contre le cours du jeu. A ce moment-là, on s'est dit que ça allait devenir compliqué, sur la durée, pour l'ancien n°2 mondial juniors. Mais pas du tout. Gaston n'a commis aucune gaffe, pas même à la conclusion, dans un cinquième set lors duquel il s'est montré tout simplement magistral.

Un véritable rêve éveillé qu'il poursuivra en huitièmes de finale contre Dominic Thiem. Un autre roc dans le genre. Mais avec lui, désormais, on ne jurera plus de rien...

Le plus mal classé depuis Canas

Le protégé de Marc Barbier devient par ailleurs le joueur le plus mal classé à atteindre la deuxième semaine d'un Grand Chelem depuis Guillermo Canas à l'Open d'Australie 2004 (248e). Et le premier joueur hors du top 200 à atteindre ce stade à Roland-Garros depuis Arnaud Di Pasquale en 2002 (283). Mais ça n'est pas vraiment comparable. Ces deux joueurs-là avaient été beaucoup plus forts. Gaston, lui, n'avait jamais gagné le moindre match sur le grand circuit. 

Son cas se rapproche davantage de celui de Sebastian Korda, 20 ans lui aussi et 213e mondial, qui s'est hissé en huitièmes après avoir battu un joueur issu comme lui des qualifications, l'Espagnol Pedro Martinez (6/4, 6/3, 6/1). Un bon galop d'essai, avant de retrouver un autre Espagnol un peu plus connu, Rafael Nadal (n°2), en roue libre contre l'Italien Travaglia (6/1, 6/4, 6/0).

Rafael Nadal, Roland-Garros 2020, 3e tour©Philippe Montigny / FFT

Garcia au mental

Voilà qui fait souffler sur ce Roland-Garros un vent de fraîcheur dont le tennis français avait bien besoin après un début de tournoi compliqué. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, le contingent tricolore comptera également sur la présence en huitièmes de Caroline Garcia, qui a, elle aussi, battu la tête de série n°16, Elise Mertens, à l'issue d'un autre gros bras de fer (1/6, 6/4, 7/5).

Après un début de match poussif, la Française a commencé à dérouler un tennis agressif et offensif qui a pris de vitesse la pourtant très pugnace joueuse flamande. La Lyonnaise a un peu tremblé à la conclusion, puisqu'il lui a fallu six balles de match pour conclure. Mais on retiendra surtout la manière dont elle a surmonté ce moment difficile pour se qualifier pour son premier huitième de finale en Grand Chelem depuis Roland-Garros 2018. Elle y retrouvera Elina Svitolina.

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