US Open : Djokovic – Medvedev, une finale pour l’histoire

 - Romain Vinot

Le choc attendu aura bien lieu. Ce dimanche, Novak Djokovic affrontera Daniil Medvedev en finale de cette édition 2021 de l’US Open.

Novak Djokovic / US Open 2021©Pete Staples / USTA

Pas avare en surprises et en sensations depuis le début de la quinzaine, cet US Open se terminera toutefois par une finale prévisible entre Novak Djokovic et Daniil Medvedev. Une rencontre aux enjeux multiples qui pourrait permettre au Serbe d’inscrire encore davantage son nom au panthéon du tennis.

Djokovic a pris sa revanche

Ce ne sera assurément pas la plus simple à gravir mais il ne lui reste plus qu’une marche. En prenant le meilleur sur Alexander Zverev, Novak Djokovic s’est offert une chance de réaliser le fameux Grand Chelem calendaire, une performance majuscule inédite chez les hommes depuis Rod Laver en 1969. L’occasion également de devenir le seul joueur masculin de l’histoire à compter 21 titres majeurs à son palmarès. "Il ne reste plus qu’un seul match. Mon cœur, mon âme, mon corps, ma tête, je vais tout mettre dans ce match, comme si c’était le dernier de ma carrière" a déclaré le Serbe sur le court.    

Privé de Golden Slam cet été à Tokyo par un Sascha renversant, le numéro un mondial a donc pris sa revanche, au terme d’un match âpre et indécis. Les deux joueurs ont alterné temps forts et temps faibles dans une rencontre au niveau élevé même si elle n’a pas toujours côtoyé les sommets. Fort de ses seize victoires consécutives, le champion olympique est entré dans le stade Arthur Ashe avec de la confiance et des convictions. Jamais en danger sur sa mise en jeu, il a su se montrer opportuniste en fin de set pour prendre les commandes.

Une belle entame qu’il n’est pas parvenu à confirmer. Comme lors des tours précédents, Djokovic a petit à petit retrouvé ses sensations et n’a pas hésité à varier son jeu pour s’éviter des rallyes de fond de court. Très à l’aise au filet au contraire de l’Allemand, il ne s’est pas fait prier pour profiter du relâchement adverse et recoller au score. Quelque peu débridée jusque-là, la rencontre a offert davantage d’intensité aux spectateurs dans la troisième manche. Capable de serrer le jeu dans les moments importants (trois balles de break sauvées), le Serbe a fait la différence à 5/4, au terme d’un jeu hallucinant. Après des échanges de 18, 32, 12 puis 21 coups, les deux hommes se sont disputés LE point du tournoi, remporté par Zverev après 53 coups de raquette ! La standing ovation qui a suivi n’a pas empêché le numéro 4 mondial de céder sa mise en jeu, sur un smash gagnant du Djoker.

« Le plus grand de tous les temps »

Il y a quelques mois encore, un tel scénario aurait peut-être annihilé les velléités de retour du finaliste de la dernière édition. Mais depuis sa médaille d’or, il croit en lui et ne se laisse plus abattre. La preuve avec ce nouveau break réalisé très tôt dans le quatrième set et son service retrouvé pour s’offrir un nouveau match en cinq sets.

Malheureusement, face au roi de l’exercice, ce type d’effort a un prix. Comme souvent, le Serbe a joué sa meilleure partition dans le final. Plus costaud, plus appliqué et plus précis, il a trop rapidement repris les choses en main grâce à deux breaks convertis en deux tentatives. K-O debout après un smash complètement manqué qui offrait un cinglant 4/0 à son vis-vis, Alexander Zverev ne se relèvera pas malgré un joli baroud d’honneur en toute fin de set (4/6, 6/2, 6/4, 4/6, 6/2 en 3h35). "C'est une belle victoire. Je suis fier du combat que j'ai livré. J'aurais probablement pu mieux jouer certains points mais je suis satisfait d’avoir joué le meilleur tennis possible au meilleur moment, au 5ème set" a expliqué le numéro un mondial.

S'il ne souhaite plus évoquer l’incroyable histoire qu’il est en train d’écrire, son adversaire du jour l’a fait pour lui. "Si vous regardez les statistiques et qu’on s’en tient au tennis pur, il est le plus grand de tous les temps. Personne ne peut se comparer à lui, il a le record du nombre de semaines à la première place mondiale, du nombre de Masters 1000, bientôt le nombre de Grand Chelem et il a l’occasion de gagner les quatre la même année. Comment vous voulez rivaliser contre ça ?" a-t-il commenté.

Il lui reste désormais une 28ème victoire consécutive en Grand Chelem à décrocher, face à Daniil Medvedev ce dimanche.

Medvedev, le dernier obstacle

Sans faire de bruit ou presque, Daniil Medvedev s’est qualifié pour sa deuxième finale de l’US Open en trois ans. Imperturbable depuis le début du tournoi, le vainqueur du tournoi de Toronto n’a laissé filer qu’un set durant toute la quinzaine (face à Botic Van de Zandschulp). Impressionnant au service, écœurant au retour, il n’a jamais semblé aussi fort et serein.

Et de son aveu personnel, même quand il ne joue pas son meilleur tennis il semble infranchissable. Felix Auger-Aliassime, novice dans la compétition et dernière victime du Russe, peut en témoigner. S'il n’a pas démérité, ses armes habituelles que sont sa puissance et son service n’ont pas eu l’effet escompté sur le numéro deux mondial. Pas vraiment crispé par l’enjeu, il n’a tout simplement pas réussi à trouver des solutions sur le long terme.

Pourtant, après avoir logiquement cédé la première manche, FAA ne s’est pas écroulé. Mieux, il est enfin parvenu à se montrer dangereux sur la mise en jeu adverse et s’est détaché pour mener 5/2, devant un public enchanté de le voir tenir tête au Russe. Mais face à l’un des meilleurs joueurs du monde, il faut convertir les balles de set qui se présentent, ce qu’il n’a pas réussi à faire sur ses deux tentatives.

Il n’en fallait pas plus pour donner un supplément de motivation au finaliste de l’édition 2019, qui a tout bonnement enchaîné cinq jeux consécutifs pour s’éviter de s’engager dans un duel à rallonge. « Le deuxième set a changé le match car j’étais vraiment proche de le perdre. Souvent, quand on est breaké contre un adversaire comme Felix, qui a eu des balles pour conclure, on perd le set. On ne sait jamais alors comment le match va tourner. Ça aurait pu être une histoire complètement différente à un set partout, ça aurait été la première fois pour moi dans le tournoi » a-t-il analysé. Une fin de set catastrophique dont ne se remettra pas le protégé de Frédéric Fontang et Toni Nadal, logiquement battu en trois manches après seulement 2h04 de combat (6/4, 7/5, 6/2).

Place au couronnement

S’il n’a jamais été aussi proche de remporter un premier tournoi du Grand Chelem, Daniil Medvedev va devoir jouer le match parfait pour réussir l’un des plus grands défis de sa carrière face à la montagne Djokovic. "L’expérience acquise peut m’aider. La seule chose que je peux dire, c’est que je vais tout donner dimanche. Jouer contre Novak, qui a déjà gagné 20 Majeurs et qui court après le Grand Chelem calendaire, ça motive encore plus. J’ai déjà perdu deux finales, je veux gagner la troisième" a-t-il lancé en conférence de presse.

Evidemment, le Serbe ne l’entend pas de cette oreille même s’il se méfie beaucoup de son futur adversaire : "Ce sera une bataille contre un joueur en très grande forme. Il a gagné énormément de matchs sur dur jusqu’à présent. On s’est déjà joué en finale de l’Open d’Australie cette année et je sais à quoi m’attendre. Il a déjà joué deux finales et je pense que son expérience peut jouer. Je suis sûr qu’il va tout donner pour remporter son premier Grand Chelem".

Dans leurs confrontations, le numéro un mondial mène 5-3 face à son dauphin. Nul doute que ce neuvième duel sera le plus important de leur histoire commune.