En 2h42, Jannik Sinner a réalisé une nouvelle prouesse majuscule et inscrit un peu plus son nom aux côtés de légendes de son sport : il est (déjà) devenu l'Italien le plus titré de l'histoire en Grand Chelem. Le n°1 mondial règle plus que jamais sur sa discipline.
AO 2025 – Finale messieurs : Jannik Sinner, un doublé historique
L’Italien a remporté l’Open d’Australie après une finale dominée contre Alexander Zverev (6/3, 7/6(4), 6/3). Il conserve le trophée Norman Brookes.

Intouchable
Trois finales de Grand Chelem, trois victoires et trois des plus grands trophées du circuit dans ses bagages : Jannik Sinner a une nouvelle fois affirmé sa domination en remportant la finale de l’Open d’Australie - pour la deuxième fois consécutive. Une suprématie spectaculaire sur dur pour le n°1 mondial qui a remporté les trois derniers tournois du Grand Chelem sur cette surface et reste invaincu à Melbourne depuis 14 rencontres. Son dernier revers remonte au 22 janvier 2023, en huitièmes de finale contre Stefanos Tsitsipas. Étourdissant. "C'était vraiment une belle performance, j'ai réussi à délivrer un tennis de haute qualité et je suis très heureux de tout mon parcours en Australie."
En entrant dans cette finale avec agressivité et autorité, le champion en titre a été implacable et en total maîtrise. Avec deux jeux blancs pour démarrer, il connaissait l’importance de breaker le premier dans le set inaugural d’une finale, surtout face à un joueur comme Alexander Zverev, toujours en quête d’un premier sacre en Majeur. La stratégie a fait mouche. "Il m'a surpassé aujourd'hui, a détaillé l'Allemand en conférence de presse. J'ai mieux servi, mais il a fait tout le reste bien mieux que moi. Il s'est mieux déplacé, son coup droit était meilleur, son revers aussi, ses retours également, tout comme ses volées. Il y a cinq ou six gros coups au tennis, des facteurs clés. Il en a fait quatre ou cinq mieux que moi, c'est pour cela qu'il a gagné."
Et si quelques visages du clan italien ont semblé inquiets à la fin du septième jeu du deuxième set, après qu’il se soit tenu le derrière de la cuisse, en signe de douleur, il a vite rassuré en remportant notamment ce point si important à 5-6, 30-A. Admirez par vous-même !
Déjà touché mentalement après le premier break – à 5-3 dans la première manche – ce rally perdu a été un véritable coup sur la tête de l’Allemand qui a ensuite baissé de régime, à l’image de ses premières balles moins percutantes (81% dans le premier set, 63% dans le deuxième et 59% dans le dernier). "J'ai le sentiment que j'aurais pu gagner cette deuxième manche, c'était un point énorme. Je me suis dit que celui qui remportait la manche serait sur une belle dynamique... Mais je me suis retrouvé mené deux sets à rien, sa confiance n'a fait qu'augmenter et la mienne a diminué."
Une réaction compréhensible pour celui qui voyait ses vieux démons revenir. Un nouveau coup du sort à 4-4 dans le tie-break de la deuxième manche a décidé de faire retomber la balle de son côté du filet sur un retour de son adversaire : un peu trop loin pour avoir le temps de s’y précipiter. Un mini-retard au score qu’il n’est pas parvenu à combler et qui a ajouté de l’eau à son moulin déjà bien rempli de frustration et d'agacement. "Je n'ai pas arrêté de me battre, je n'ai pas arrêté d'y croire. Il m'a juste dépassé, et dans le troisième set encore plus que dans les précédents."
Malheureux finaliste en Majeur pour la troisième fois de sa carrière, Alexander Zverev n’a pas réussi à trouver les solutions contre le n°1 mondial et n’a jamais pu s’offrir de raisons d’y croire dans l’ultime set.
À l’US Open, contre Dominic Thiem en 2020, il menait de deux manches avant de voir son adversaire l’emporter en cinq. À Roland-Garros, contre Carlos Alcaraz, il menait deux sets à un avant de s’effondrer dans les deux derniers. Mais ce dimanche, il n’a pas fait douter Jannik Sinner la moindre fois, ne s’est pas procuré la moindre opportunité de break, n’a pas su se montrer inquiétant. "Je fais tout ce que je peux. Je travaille plus dur que jamais, je fais tout ce qu'il faut en dehors du court, mais j'ai perdu en trois sets aujourd'hui, c'est un fait. Je ne voudrais pas terminer ma carrière en tant que meilleur joueur de tous les temps à n'avoir jamais soulevé de Majeur. Je vais continuer de faire tout ce que je peux pour soulever un de ces quatre trophées."
Et maintenant ?
Après avoir soulevé un trophée du Grand Chelem pour la deuxième fois de suite. Après avoir été le premier à conserver son premier titre en Majeur depuis Rafael Nadal, à Roland-Garros en 2006. Après avoir remporté trois des cinq derniers tournois du Grand Chelem. Après avoir été le troisième joueur à s’imposer lors d’une finale d’un Majeur sans avoir à sauver la moindre occasion de break – après Roger Federer et Rafael Nadal –, à quelle prouesse Jannik Sinner va-t-il désormais s’atteler ?
"Il faut être complet pour être n°1, pas seulement sur dur, mais sur les deux autres surfaces aussi. Je ne m’en suis pas trop mal sorti sur gazon et sur terre battue l’année dernière je crois, mais je peux faire mieux." L’intéressé a donné un premier indice en conférence de presse ce dimanche, assis près du trophée Norman Brookes sous le regard des journalistes. "Sur dur, je me sens plus à l’aise que sur les autres surfaces, mais j’essaie de prendre ça du bon côté, parce que je ne peux que progresser. Je vais mettre beaucoup d’énergie là-dedans, essayer de trouver les solutions pour aller plus loin dans les autres Grand Chelem," a encore détaillé celui qui compte désormais huit "gros titres".
"Je suis encore jeune, j’ai encore le temps de m’adapter, surtout sur gazon où je n’ai jamais joué le tournoi juniors. C’était un peu nouveau pour moi lorsque je suis arrivé sur le circuit. Mais c’est ce que j’aime : trouver mes difficultés et essayer de les améliorer," a conclu l’actuel meilleur joueur de la planète. Nul doute que sa rivalité avec Carlos Alcaraz, avec lequel il s'est partagé les quatre derniers titres en Majeur, sera particulièrement scrutée cette année.
