Belinda Bencic, cinq ans après

 - Myrtille Rambion

La championne juniors de RG 2013 a battu Naomi Osaka et renoue avec les quarts de finale à New York.

Belinda Bencic fist pumping after her fourth round match at the 2019 US Open©Corinne Dubreuil/FFT

Avec Belinda, c’est du sérieux.

Auteure d’une très belle saison qui l’a vue entre autres remonter à la 12e place mondiale, à cinq unités seulement de son meilleur classement en carrière (7e en février 2016), remporter un titre (Dubaï), atteindre la finale à Majorque et, surtout, les demi-finales de deux “Premier Mandatory“ (Indian Wells et Madrid), Belinda Bencic revient fort. Très fort, même.

Ce lundi en début de session de journée sur le court Arthur Ashe, la Suissesse a éliminé -pour la troisième fois cette saison- rien de moins que la n°1 mondiale et tenante du titre Naomi Osaka (7/5, 6/4).

Belinda Bencic defeats Naomi Osaka in the fourth round of the 2019 US Open©Corinne Dubreuil/FFT

Génération '97

Prise de balle très tôt, longueur de balle parfaite, variation des zones, accélération en revers à la moindre occasion : la championne de Roland-Garros juniors 2013 a réussi “le“ match contre la Japonaise membre de la génération “ ’97“, comme elle.

“Il ne pouvait pas y avoir de plus beau challenge, a commenté “Beli“. Il fallait que je sois au meilleur de mon jeu. Je suis très contente de mon niveau et de la manière dont j’ai réussi à maîtriser mes nerfs à la fin. Je ne suis pas la fille qui fait le plus de coups gagnants ou d’aces, alors il fallait que d’un point de vue tactique, je joue un peu aux échecs sur le court.“



De son côté, Naomi Osaka était quelque peu gênée par son genou gauche, au point de faire venir la kiné sur le court, mais elle n’a pas cherché à en faire une excuse, face à une adversaire qui l’avait donc déjà battue deux fois cette année.

“Oui, c’est vrai, je me suis fait mal au genou à Cincinnati, a dit celle qui cèdera lundi prochain sa place de n°1 mondiale à la championne de RG19 Ashleigh Barty. Mais je ne vais pas vous dire que c’est la raison pour laquelle j’ai perdu puisque vous voyez bien que je l’avais déjà jouée trois fois avant cela.“

 

Naomi Osaka reacting during her fourth round macth at the 2019 US Open©Corinne Dubreuil/FFT

Sacre précoce

Pour Belinda Bencic, cette victoire est un cap. Parce qu’elle lui permet de renouer avec les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem pour la première fois depuis 2014. C’était déjà à l’US Open. Et c’était à l’époque de son ascension fulgurante, alors qu’elle n’avait que 17 ans.

Elle était devenue, à New York, un peu plus d’un an après son sacre précoce en juniors à la Porte-d’Auteuil, la plus jeune quart de finaliste depuis Martina Hingis en 1997. Hasard ou pas, “Beli“ a pendant un temps travaillé avec Melanie Molitor, la maman et coach de toujours de la finaliste de Roland-Garros 1999.

Ses pairs lui promettaient alors le plus bel avenir. Mais c’était sans compter sur les blessures. Dès 2016, juste après sa première saison complète sur le circuit professionnel, ce fut d'abord la jambe qui la trahit, puis la main, avant son dos et, enfin, le poignet gauche, l’année suivante. Ce fut la dernière blessure et le début de la remontée après une convalescence de cinq mois. Lentement, sûrement et très sérieusement.

All smile for Belinda Bencic at the 2019 US Open©Corinne Dubreuil/FFT

Encore très jeune

Apaisée dans la vie, ayant notamment aplani la relation avec son coach de père, Belinda Bencic a patiemment travaillé. Tennistiquement et physiquement. Et à Flushing Meadows, cela se voit : la Suissesse s’est (re)construit une “caisse“ et a énormément progressé au service.

Ce qui explique son retour au plus haut niveau, cinq ans après. À seulement 22 ans.

“Les gens pensent toujours que je suis un peu plus vieille que ça, a-t-elle analysé, parce qu’ils m’ont vue sur le circuit depuis que j’ai 16 ou 17 ans. Tout le monde s’attendait à ce que je grimpe au classement très vite à ce moment-là. Mais ce n’est pas comme cela que cela se passe dans le tennis. Les vrais athlètes doivent franchir des obstacles, triompher de blessures et traverser des moments difficiles. Cela m’a rendue plus forte en tant que personne et meilleure en tant que joueuse.“



Donna Vekic, une amie

Son adversaire pour une place en demi-finale le sait peut-être mieux que personne. La Croate Donna Vekic se trouve être l’une des meilleures amies de la Suissesse et sa partenaire régulière d’entraînement. Et qui, elle aussi, a eu sa part de blessures.

“Jouer contre Donna signifie beaucoup, a prévenu Belinda Bencic. Elle était également très bonne vers 16-17 ans, elle a remporté son premier titre WTA à cet âge-là. Elle a connu la pression et les blessures, elle a traversé des moments pas faciles. Maintenant, nous sommes de retour toutes les deux et c’est très agréable. Je suis heureuse pour elle.“ Avant de conclure dans un sourire: “Mais je veux absolument gagner.“