Go, Schwartzman !

 - Rémi Bourrieres

L'Argentin a terrassé Dominic Thiem au terme d'un match stratosphérique de 5h08. A lui les demi-finales.

Diego Schwartzman, Roland Garros 2020, quarter-final© Corinne Dubreuil/FFT

On ne sait si Diego Schwartzman (n°12) se souvient de son premier match sur le circuit principal mais une chose est sûre, il se souviendra longtemps de son 300e. L'Argentin a fêté l'événement comme il se doit en terrassant Dominic Thiem (n°4) 7/6(1), 5/7, 5/7, 7/6(5), 6/2 et 5h08 d'un bras de fer irréel, se qualifiant ainsi pour la première fois de sa carrière pour les demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem.

Score final : 3 sets à 2 donc pour l'Argentin, mais ça aurait pu tout aussi bien faire 5-0 pour lui ou 4-1 pour son adversaire. On plaisante mais à l'exception du dernier set où Thiem a rendu les armes physiquement, émoussé probablement par son combat précédent (déjà) contre Hugo Gaston, mais aussi par sa débauche d'efforts pour remporter le mois dernier son premier titre du Grand Chelem à l'US Open, toutes les autres manches de ce match de dingue ont été extrêmement disputées. 

Globalement dominateur face à un adversaire qui n'aura déroulé son meilleur tennis que par intermittence, l'Argentin a en effet  caviardé" le 2e set en ratant un coup droit penalty à 5-4, 15-30. Puis il a récidivé au 3e set : après avoir servi à 5-3, il a mal négocié, toujours à 5-4, 15-30, une contre-amortie "facile". Derrière, à 30-40, il a commis une grosse faute en coup droit sur balle de set.

Beaucoup se seraient écroulés mentalement après un tel coup du sort. Mais le petit Argentin a maintenu son travail de sape et son schéma tactique, beaucoup calqué – il l'avait dit – sur celui de Gaston, avec moins d'amorties mais plus de montées au filet, où il est allé chercher énormément de points (44/71), surtout sur le revers adverse.

Acculé par tant de variété, l'Autrichien a surnagé grâce à son abattage impressionnant et sa confiance palpable. Des atouts qui lui ont permis, à nouveau, de revenir d'une situation bien compromise au 4e set, dans lequel il était mené 5-3, 0-30 puis surtout 5-4, 40-0. Trois balles de sets que le double finaliste sortant a magistralement sauvées, surtout la dernière, d'un coup droit maousse pleine lucarne.

Derrière, il a mis une pression maximale pour conclure, s'approchant à deux points du succès à 6-5, 30-30 puis à 5 points partout dans le jeu décisif. A ce moment-là, l'intensité était à son paroxysme dans une partie constellée de points à couper le souffle, avec un total de 119 points de plus de 9 coups de raquettes, dont un de 36 et une moyenne générale de 6,58 par échange. Et dans ce moment de haute pression, Schwartzman a tenu bon. C'est bel et bien Thiem qui a fini par craquer.

C'en était fini pour le n°3 mondial qui avait clairement jeté là ses dernières forces dans la bagarre. Il résistait encore jusqu'à 2-2 au 5e set avant de voir Diego Schwartzman remporter les quatre derniers jeux et s'envoler irrémédiablement vers la victoire dans ce match qui est le deuxième à dépasser les 5h durant cette quinzaine, après le Moutet-Giustino du premier tour.

Après avoir buté à trois reprises en quarts de finale de Grand Chelem, dont une fois ici en 2018 (contre Nadal), Diego Schwartzman atteint ainsi à 28 ans sa première demi-finale majeure. Il est le 10e Argentin de l'histoire à le faire (le 9e dans l'ère Open). Et il est ainsi assuré d'intégrer le top 10 pour la première fois après la quinzaine.

Une quinzaine qui pourrait se poursuivre par des retrouvailles avec Rafael Nadal, si celui-ci tient son rang contre Jannik Sinner. Justement, il vient de battre l'Espagnol à Rome pour atteindre sa première finale en Masters 1 000. Évidemment, cette fois, ce sera un autre contexte, un autre format. Mais s'il a récupéré de ses efforts colossaux, rien ne pourrait lui interdire de poursuivre son rêve éveillé...