Djokovic se fait peur mais passe

 - Rémi Bourrieres

Le Serbe s'est fait une immense frayeur avant de battre Tsitsipas en cinq sets pour rejoindre Nadal en finale.

Novak Djokovic Roland-Garros 2020© Corinne Dubreuil / FFT

Quasiment injouable pendant trois sets, à un point près (une balle de match manquée), Novak Djokovic (n°1) a finalement mis cinq sets et lutté près de 4 heures pour battre Stefanos Tsitsipas (n°5) 6/3, 6/2, 5/7, 4/6, 6/1, à l'issue d'une magnifique demi-finale, ce vendredi soir sur le court Philippe-Chatrier.

Qu'il était loin, le Djokovic poussif, souffreteux et énervé du tour précédent face à Pablo Carreno Busta. Deux jours plus tard, il était redevenu "Cosmic", d'une justesse diabolique dans ses frappes, d'une vélocité infernale en défense et d'une pugnacité parfaite sur les points importants.

Contre beaucoup de joueurs, cela aurait suffi pour passer en trois petits sets. Cela aurait dû, même. Mais à 6/3, 6/2, 5-4, balle de match sur son service, le Serbe en a un peu trop mis sur une accélération de revers qui a fini sa course à quelques centimètres de la ligne de couloir. Une micro-occasion sur laquelle le Grec s'est engouffré, convertissant enfin une balle de break après... 11 tentatives infructueuses.

Tsitsipas, audace et bravoure

Cette histoire de balles de break manquées, c'était un peu, jusqu'alors, l'histoire du match. Dès le tout premier jeu, le Grec en avait manqué quatre. Et avait compris très vite qu'il serait bien difficile de se débarrasser de ce Djokovic-là, qui avait réponse à tout.

C'est lui qui, brillamment, sauvait la plupart des balles de break contre lui, poussait son adversaire à la faute, à l'image de ces deux smashes manqués pour faire la différence dans le deuxième set. Et servait même le plomb, à l'image de ces trois aces distillés avec autorité pour conclure ce deuxième set. 

Mais là où tant d'autres auraient baissé les bras, Tsitsipas, lui, avait le mérite de continuer à se battre avec audace et bravoure. Depuis le début, il tentait tout, agressant son adversaire, cassant le rythme ou acceptant le bras de fer du fond de court. Il a fini par en être récompensé pile au moment où le couperet de la défaite s'apprêtait donc à tomber sur ses larges épaules.

In extremis, la dynamique du match venait de changer. Dans le quatrième set, même s'il recollait de 2-0 à 2-2, c'est Djokovic cette fois qui ratait des balles de break à la pelle (1/11), avant de céder à nouveau son engagement au pire moment, à 5-4.

Djokovic, un roc mental et physique

On pouvait alors penser que l'exploit était à portée du jeune Grec. En réalité, ce dernier était sur un fil, physiquement surtout, depuis de longues minutes. Et il ne fallait pas, bien sûr, compter sur Djokovic pour s'effondrer mentalement même après un tel coup du sort.

C'est au contraire dans ces moments-là que le Serbe, qui n'a perdu qu'un seul match dans sa vie en Grand Chelem après avoir mené 2 sets à zéro (contre Jürgen Melzer ici-même en 2010), aime à rappeler à quel point il est absolument hors norme dans ce domaine.

Ainsi, Novak Djokovic a recouvré à temps tous ses esprits pour survoler le cinquième set. A 33 ans, il jouera sa cinquième finale à Roland-Garros, la troisième contre Rafael Nadal, qui l'a battu ici, à ce stade de la compétition, en 2012 et 2014. Ce sera la 56e rencontre entre les deux légendes et la neuvième en finale de Grand Chelem. Le bilan y est pour l'instant équilibré (4-4). Mais dimanche, il n'y aura pas de match nul...