Osaka, une première sous haute pression

 - Myrtille Rambion

Naomi Osaka est devenue la première Japonaise titrée en Grand Chelem, à l’issue d’une finale “hot“ à New York.

Naomi Osaka kissing the trophy US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT

Que de larmes en ce samedi soir sur le court Arthur Ashe. De joie, de frustration, de déception, tout cela à la fois. Et de nerfs qui lâchent, très probablement. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que la finale dames de l’US Open a été riche en émotions.

Pas tant en raison d’un match au sommet malheureusement, que par un scénario aussi rocambolesque que totalement imprévisible, impliquant l’arbitre, un point puis un jeu de pénalité à l’encontre de Serena Williams, des mots durs prononcés d’énervement par l’Américaine et une gagnante qui, finalement, s’excuserait presque d’avoir été là.

Naomi Osaka holdinh her trophy with Serena Williams in the background US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT

“Je sais que tout le monde était pour Serena, a ainsi commenté une Naomi Osaka en larmes sur le podium lors de la remise des prix. Je suis désolée que cela se soit fini comme ça et je voudrais vous remercier d’avoir regardé ce match.“

Quelques minutes plus tôt, alors qu’une partie du public encore chauffé à blanc huait plus contre le principe de ce drôle de scénario que contre la gagnante, Serena Williams, les yeux elle aussi rougis, avait appelé à l’apaisement. “Elle a bien joué, c’est son premier titre du Grand Chelem, a lancé à la foule l’Américaine. Ne huez plus. On se remettra de ça, ne huez plus. Et félicitations, Naomi.“

Serena Williams crying during the 2018 US Open final©Corinne Dubreuil/FFT
“Ne pas me laisser envahir par la nervosité"

Pas méritée, non, une telle fin. Le titre, en revanche, oui. Naomi Osaka, puisque c’est bien elle qui est devenue la championne de l’US Open 2018, a clairement impressionné. Elle a montré, à 20 ans, une maturité extraordinaire pour gérer, d’abord la pression inhérente à une première finale majeure face à son idole absolue. Elle est rentrée dans chaque balle dès les premiers échanges, elle a breaké la première et a su pousser à la faute une Serena visiblement dans un mauvais jour. Prise de vitesse et pas aussi tranchante que lors de ses deux précédents matches.

Et gérer, enfin, pour devenir la toute première Japonaise de l’histoire à s’imposer en Grand Chelem, le “drama“ autour de celle que tout le monde voyait une nouvelle fois queen du Queen’s.




“Avant la finale, je me suis dit que je ne devais pas me laisser envahir par la nervosité, a expliqué Naomi Osaka, qu’il fallait que je reste concentrée et que je joue au tennis, tout simplement, parce que c’est ça qui m’a conduite jusqu’en finale. Donc en gros, j’ai juste pensé que, peu importe ce qui se passe en dehors du court, une fois que j’y ai mis un pied, il n’est plus question de tennis.“

Serena talking during the trophy presentation US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT
Osaka, dans la cour des grandes


“J’avais le sentiment que Naomi était très, très solide, a d’ailleurs également souligné Serena Williams à l’issue de la rencontre. Elle a super bien joué, elle a tenté beaucoup de coups. Elle était tellement concentrée… Quand j’ai eu des balles de break, elle a à chaque fois servi une grosse première.“

Quant à son intervention pour calmer les spectateurs pendant la cérémonie de remise des prix, elle a ajouté : “je me sentais mal parce que je pleurais et elle pleurait aussi. Alors que bon : elle a gagné ! Je ne sais pas s’il s’agissait de larmes de joie ou de tristesse, à cause du moment qu’on vivait. Je me suis dit : ouh là, ce n’est pas du tout ce que je ressentais quand j’ai gagné mon premier titre du Grand Chelem. Je n’avais vraiment pas envie qu’elle se sente aussi triste à ce moment-là.“




Circonstances ou pas, à 20 ans, Naomi Osaka est entrée dans la cour des grandes, à l’occasion de cet US Open. Une grande qui n'a pas complètement renoncé à son âme d'enfant. “Quand j'ai enlacé Serena au filet, a-t-elle glissé en ne pouvant retenir ses larmes en conférence de presse, là, je suis redevenue une petite fille.“ Drôlement attachante, avec ça.