La terre battue

La combinaison parfaite : de toutes les surfaces du tennis, la terre battue est à la fois la plus exigeante et la plus subtile.

C’est comme si l’expression "toucher terre" avait été créée pour le tennis. De toutes les aires de jeu proposées par ce sport, la terre battue est à la fois la plus exigeante physiquement et la plus subtile techniquement – combinaison expliquant sans doute pourquoi Roland-Garros était, jusqu’à l’avènement d’un extra-terrien nommé Nadal, le tournoi le plus ardu à dominer dans la durée.

À l’origine, l’apparition de la terre battue relève d’une question pratique : les frères Renshaw, en 1880, à Cannes, auraient utilisé une poudre de terre cuite pour recouvrir les courts en gazon souffrant de la chaleur. Depuis, la technique s’est améliorée mais le concept demeure. La terre est constituée de cinq couches d’environ 80 centimètres d’épaisseur au total : de gros cailloux, du gravier, une couche de mâchefer (résidus de roche volcanique), du calcaire et enfin une fine couche de brique pilée de deux millimètres d’épaisseur lui valant sa couleur ocre.

Composition de la terre battue de Roland-Garros
  • 1- Brique pilée : 1 à 2 mm
  • 2- Cran (calcaire pilé) : 6 à 7 cm
  • 3- Mâchefer (résidus de houille) : 7 à 8 cm
  • 4- Cailloux concassés : au moins 30 cm
  • 5- Drain

A composition différente, jeu différent de celui pratiqué sur herbe ou sur synthétique. Plus lente, la terre induit un tennis moins direct, plus tactique, sorte de partie d’échecs où un coup proposé ouvre la conclusion quatre ou cinq frappes plus tard. Accentuant les effets, elle favorise les palettes complètes : lift (vous avez dit "Rafa" ?), slice (bonjour Justine Henin) ou amortie (Roger Federer lui doit pour bonne part son Roland-Garros 2009) notamment y prennent toute leur envergure, tandis que la maîtrise des déplacements en glissade y est fondamentale.

Préparation courts en terre battue Roland-Garros 2018.

Limitant les risques de blessure, la terre est recommandée au joueur de haut niveau comme à l'amateur du dimanche.

La terre a ses bastions traditionnels : France donc, mais aussi Espagne, Italie et, plus globalement, le bassin méditerranéen. Belgique, Allemagne, Autriche, République Tchèque, Roumanie et même Suède possèdent également une solide culture ocre. L’Amérique latine de son côté entretient une relation véritablement fusionnelle à la terre.

Et ce n’est pas un hasard si, depuis un demi-siècle maintenant, la majorité des vainqueurs de Roland-Garros provient de ces pays : mieux vaut être "né" sur terre, y avoir fait ses gammes enfant, pour prétendre parfaitement la maîtriser. Rares sont les terriens appris.

L'entretien du court pendant le tournoi
  • Le matin : débâchage, balayage
  • Pendant les matchs, entre chaque set : filet, balai
  • A la fin des matchs : filet, balai, arrosage
  • Le soir : apport d'eau maximum

Roland-Garros ou le sacre du printemps :

Quelques chiffres
  • 1,1 : En tonne, la quantité de terre battue rouge diffusée sur le court, elle monte à 1,5 pour le court Philippe-Chatrier qui est plus grand.
  • 2  En millimètres, la fine couche de terre battue rouge en surface.
  • 7-10 : En centimètres, l'épaisseur de la couche de calcaire sous le rouge.
  • 8 : Le nombre de personnes requises pour préparer un court pour le tournoi.
  • 80 : En centimètres, la hauteur totale des cinq couches qui composent les différentes strates d'un court en terre battue à Roland-Garros.
  • 100 : Le nombre de personnes chargées de l'entretien des courts pendant les trois semaines de compétition.