J8 : les matchs à ne pas manquer

 - Franck Lalanne et Rémi Bourrieres

Voici quatre matchs que l'on vous conseille de suivre de près pour cette huitième journée à Roland-Garros.

Leylah Fernandez (n°17) / Amanda Anisimova (n°27) - Roulez jeunesse !

Court Philippe-Chatrier, première rotation

Un duel nord-américain aussi équilibré qu'alléchant entre deux joueuses illustrant parfaitement l'adage selon lequel la valeur n'attend pas le nombre des années. À 19 ans, Leylah Fernandez fait partie des cinq teenagers qualifiés pour la deuxième semaine aux côtés de Coco Gauff (18 ans) et Qinwen Zheng (19 ans) chez les dames, et de Carlos Alcaraz et Holger Rune (19 ans) chez les hommes.

À côté de cette clique de joyeux bambins, Amanda Anisimova, avec ses 20 ans révolus, ferait presque figure d'ancienne. Mais il ne faudrait pas oublier que l'Américaine avait fait plus fort encore en atteignant à 17 ans les demi-finales ici il y a trois ans, deux mois avant la mort soudaine de son père, qui avait mis un coup de frein à son ascension. Sans quoi, elle compterait peut-être, elle aussi, une finale en Grand Chelem, performance réussie par la Canadienne l'an dernier à l'US Open, alors qu'elle venait à peine de souffler ses 19 bougies.

Bref, inutile de poursuivre plus longtemps le concours de précocité entre les deux jeunes femmes. Laissons-les plutôt s'expliquer sur le terrain. Leur seul duel, il y a quelques mois à Indian Wells, s'était fini en eau de boudin avec l'abandon soudain d'Anisimova, en larmes, juste après avoir manqué quatre balles de match dans le 2e set.

Coco Gauff (n°18) / Elise Mertens (n°31) - La peur du vide

Court Philippe-Chatrier, deuxième rotation

D’un côté, Coco Gauff. La jeune vedette américaine, attendue très vite, très haut. Lauréate de l’Orange Bowl en 2018 à tout juste 14 ans (plus jeune gagnante depuis Nicole Vaidisova en 2003), elle a battu tous les records de précocité. Elle est celle qui doit prendre la succession des sœurs Williams dans les cœurs des supporters de l’autre côté de l’Atlantique.

De l’autre, Elise Mertens. À 26 ans, la Belge est un exemple de régularité. Elle reste sur 17 participations consécutives au 3e tour d’un tournoi du Grand Chelem. Il faut remonter à 2018 pour ne pas la voir à ce stade de la compétition. C’est tout simplement la septième meilleure série depuis le début des années 90, derrière quelques légendes de ce jeu comme Conchita Martinez, Arantxa Sanchez, Gabriela Sabatini, Maria Sharapova, Svetlana Kuznetsova et Caroline Wozniacki.

Quart de finaliste l’an passé, la jeune Coco Gauff (18 ans) rêve d’enfin confirmer les espoirs placés en elle. Quant à Elise Mertens, ancienne 12e mondiale, elle espère profiter d’un tableau qui s’est considérablement dégagé pour rejoindre Justine Henin et Kim Clijsters dans les cœurs belges.

Novak Djokovic (n°1) / Diego Schwartzman (n°15) - “Petit” deviendra grand

Court Suzanne-Lenglen, deuxième rotation

Plus petit joueur sur le circuit avec son mètre 70, Diego Schwartzman est surnommé “El Peque”, le "Petit” en espagnol. Avec son gabarit atypique dans le tennis de haut niveau, le 16e joueur mondial a adapté son jeu pour le rendre le plus efficace possible avec ses armes : une vision du jeu exceptionnelle, peu de fautes, une présence de tous les instants en fond de court. Face au n°1 mondial, Novak Djokovic, il a l’occasion de changer de catégorie.

“C’est l’un des joueurs les plus rapides sur le circuit”, a rappelé le Serbe en conférence de presse. Un adversaire qui ne réussit pas au “Peque”. En six confrontations, dont trois sur terre battue, Schwartzman ne s’est jamais imposé. C’est à Roland-Garros, en 2017, qu’il a été le plus proche de le faire tomber (5/7, 6/3, 3/6, 6/1, 6/1).

Depuis 2009, Djokovic n’a jamais perdu avant les quarts de finale Porte d’Auteuil. Une sortie de route précoce cette année serait un coup d’arrêt dans sa course vers un 21e Grand Chelem mais aussi un immense coup d’éclat pour Diego Schwartzman. Un nom de super-héros.

Rafael Nadal (n°5) / Felix Auger-Aliassime (n°9) - Cherchez le lien…

Court Philippe-Chatrier, troisième rotation

Entre Rafael Nadal et Felix Auger-Aliassime, l'ancien et le moderne, le gaucher et le droitier, l'homme qui a remporté 13 fois la finale de Roland-Garros et celui qui n'est jamais parvenu en huitièmes (jusque-là), il n'est pas évident de trouver un point commun. Il y en a pourtant un évident, au-delà de leur équipementier raquette : Toni Nadal, l'oncle et mentor de Rafa, devenu l'an dernier le conseiller spécial du jeune Canadien au soutien de son entraîneur français Frédéric Fontang.

"Oncle Toni" a déjà averti : il ne sera pas dans le box, et on peut le comprendre, pour suivre ce match qui ne manque néanmoins pas de sel. Dans un début de tournoi en pente douce pour Rafa, une montée en puissance serait idéale pour tester la solidité de son pied. L'Espagnol a l'occasion de franchir un premier palier.

"FAA", devenu à 21 ans le plus jeune joueur à avoir désormais atteint (au moins) les huitièmes de finale de tous les Grands Chelems depuis Marin Cilic en 2009, a passé un cap depuis un an et semble, dans un bon jour, capable de lui proposer une vraie opposition. À condition de bien servir et d'éviter le piège ultra-classique du coup droit assassin sur son revers parfois (plus) fragile. Mais ça, il n'a pas forcément besoin de Toni Nadal pour le savoir...

Toni Nadal coaching Felix Auger-Aliassime during practice at Rolex Monte-Carlo Masters 2021© Corinne Dubreuil/FFT