Le Djoker est de retour

 - Myrtille Rambion

Novak Djokovic a remporté un 4e Wimbledon. Son 13e titre majeur, le premier depuis RG16.

Novak Djokovic lift the Wimbledon 2018 trophy.©Corinne Dubreuil/FFT

Ce retour au sommet apparaît comme une évidence. Chez un champion de la carrure de Novak Djokovic, les périodes de doute profond ne peuvent durer indéfiniment. Et il y a un peu plus d’un mois à Roland-Garros, les indices avaient concordé pour laisser présager d’une renaissance totale imminente.

Certes, le Serbe s’y était incliné en quarts de finale face à la surprise Cecchinato, mais son niveau de jeu jusque-là et son implication mentale avaient été quasi irréprochables.

Novak Djokovic and Kevin Anderson trophy ceremony Wimbledon 2018©Corinne Dubreuil/FFT
Sept fautes directes

On avait clairement revu à la Porte-d’Auteuil, sans doute encore un peu trop irrégulièrement, le Novak des grands jours. Celui qui avait réussi le Grand Chelem sur deux saisons en 2015-2016 et semblait alors pouvoir chasser tous les records. Son agacement et ses mots juste après sa défaite, dans une petite salle d’interview qu’il avait gagnée directement à la sortie du court Philippe-Chatrier, en avaient dit long sur son appétit revenu.

Le Serbe n’a de fait pas attendu très longtemps avant de le confirmer par les actes : dès ce Wimbledon, là même où l’an dernier, sa saison s’était arrêtée en raison d’une blessure au coude qu’il traînait depuis plusieurs mois. Deux moments-clé dans ce tournoi du retour au premier plan. La demi-finale, d’abord. Magistrale contre Rafael Nadal : remportée sur deux jours 6/4, 3/6, 7/6, 3/6, 10/8 avec un niveau de jeu stratosphérique. La finale ensuite, bien sûr.

Anderson exténué

 Ce dimanche, il n’a pas permis à Kevin Anderson, visiblement exténué de son parcours londonien -notamment après une demi-finale épique remportée face à John Isner 26-24 au cinquième set après 6h36 de jeu-, de réellement exister. En tout cas pendant les deux premiers sets : le Serbe y a commis seulement sept fautes directes et réussi quatre breaks en autant d’occasions obtenues.

Face à ce Novak-là, difficile de ravir ne serait-ce qu’une manche. Alors une finale… “Nole“ s’est imposé 6/2, 6/2, 7/6, haussant le temps au moment d’effacer, sur sa mise en jeu, cinq ( !) balles de set en faveur du Sud-Africain, et ainsi emporter son quatrième Wimbledon.

Stefan and Jelena Djokovic Wimbledon 2018.©Corinne Dubreuil/FFT
“Il fallait que je croie en moi“

“Je suis très ému", a déclaré la voix tremblante Novak Djokovic sur le court. Une émotion renforcée par la présence, pour la première fois, de son fils Stefan dans la box avec son clan. “C’est un sentiment extraordinaire, a-t-il ajouté, parce que pour la première fois de ma vie, j’ai quelqu’un qui crie ‘papa, papa !’ au bord du court. Je ne pourrais pas être plus heureux.“

Le Serbe a poursuivi : “Je voudrais féliciter Kevin, parce qu’il a réussi un très beau parcours. Il n’a pas évolué à son meilleur pendant les deux premiers sets, mais le troisième était bien meilleur et j’ai eu de la chance de m’en sortir.“

Puis, se souvenant des vingt-cinq derniers mois, dont six passés loin des terrains pour se remettre de son opération au coude : “Il a fallu que je croie vraiment dans tout le processus. Que je croie en moi. J’ai connu plein de moments de doute, où je ne savais pas si je serais capable de revenir. Là, je veux juste profiter du moment.“

Qu’on se le dise, Novak Djokovic est effectivement de retour. Et pas seulement le temps d’un tournoi.