Le dress code du champion de "Roland"

Existe-t-il une tenue maximisant les chances de gagner à Paris ?

Björn Borg Roland-Garros 1978.©FFT
 - Elodie Iriart et Julien Pichené

La casquette, à l'envers ou à l'endroit ? Short noir ou blanc ? Et pour le polo, quelle couleur ? Nous avons étudié le look des différents vainqueurs de Roland-Garros. Existe-t-il un dress code pour avoir toutes les chances de gagner Roland-Garros ? Reprenons point par point, accessoire par accessoire.

Bandeau

Comment envisager de gagner Roland-Garros sans ça, sérieusement ? Au départ, c'était la griffe des joueurs hippies. Celle de Torben Ulrich notamment, avec sa barbe de druide et ses cheveux qui lui tombaient jusqu'au milieu du dos. Puis Björn Borg en a mis un en 1975 pour cerner sa chevelure Bee Gees et gagner son deuxième Roland-Garros, et tout a changé. Avec lui et son valet Guillermo Vilas, le bandeau devient alors un label winner qui inspire aussi ces dames, comme Hana Mandlikova et son fameux (et tout fin) bandeau rouge en 1981.

Après la retraite de Borg, le bandeau tombe toutefois vite en désuétude, avant de revenir par surprise avec un vainqueur non moins surprenant en 1997, Gustavo Kuerten. Et depuis 2005, Rafael Nadal entretient le mythe du champion de tennis en bandeau. Au total, 19 des 43 dernières éditions ont été remportées par un joueur à bandeau. Près de 50 %. Et pour info, Roland-Garros est le Grand chelem qui a sacré le plus de bandeaux. Vu ?

Rafael Nadal Roland-Garros 2018Corinne Dubreuil / FFT
Bob safari

Ce n'est pas une blague, Nancy Richey s'est imposée à Roland-Garros 1968 en short et bob safari, bref en ayant l'air d'arriver directement de vacances en Afrique ! Faut croire qu'en mai 68, tout était permis.

Nancy Richey Roland-Garros 1968.© Chantal Kuntz / FFT.
Bracelet éponge

Moins répandu chez les dames, il est en revanche l'indispensable accessoire du champion depuis les "fifties" et son adoption par Ken Rosewall, Tony Trabert ou encore Nicola Pietrangeli. Le petit truc en plus ? Vous pouvez arborer un bracelet aux couleurs de votre pays de cœur (Noah choisit les couleurs du Cameroun en 1983) ou en mettre un à chaque poignet, comme Björn Borg, Mats Wilander ou encore Rafael Nadal. Il faut visiblement éviter les poignets "nus", moins souvent vainqueurs ces trente dernières années.

Michael Chang, Gustavo Kuerten, Sergi Bruguera, Evgueni Kafelnikov, et Gaston Gaudio sont les rares champions sans bracelet éponge de cette période. Il convient d'ajouter à la liste Rafael Nadal, qui n'en avait pas l'année de sa première victoire en 2005, avant que le "double" bracelet-éponge ne devienne l'un des accessoires incontournables de sa panoplie, au même titre que le bandeau.

Yannick Noah Roland-Garros 1983.© Jean-Yves Delattre / FFT.
Béret

Définitivement associé à Jean Borotra, vainqueur en 1924 et 1931. Un champion coiffé d'un béret ferait indéniablement le "buzz" aujourd'hui avec son côté "frenchy". Pourquoi ne pas remettre ce couvre-chef au goût du jour sur les courts ? Un volontaire ? Benoît Paire ?

Bermuda

Tout est dit quand on rappelle que Rafael Nadal avait troqué son pantacourt contre un bermuda en 2009, l'année de son pire "Roland" et de sa défaite en huitièmes de finale contre le Suédois Robin Söderling.

Bijoux

Trio gagnant à tous les coups pour Serena Williams et sa parure montre, collier et bague portée lors de ses trois victoires à Roland-Garros. La boucle d'oreille masculine a, quant à elle, tenté une furtive percée avec Andre Agassi (1999) et Gustavo Kuerten (2001) réalisant là une petite contre-performance esthétique. Promis, ça ne se reproduira plus ?

Gustavo Kuerten Roland-Garros 2001.©FFT
Casquette à l'endroit

Les vainqueurs à casquette ne sont pas si nombreux. Citons Jennifer Capriati, Gaston Gaudio et bien sûr Justine Henin. Et n'oublions pas le premier vainqueur "casqué", Jim Courier en 1991. Pour l'anecdote, l'Américain ne la portait pas en début de tournoi. Il l'a sortie de son sac lors de son match du troisième tour, au moment où Magnus Larsson était sur le point de le battre. Une idée à priori anodine qui l’inspire soudainement. Comme par magie : Courier fait un ace et renverse la vapeur : il remportera le tournoi dix jours plus tard, toujours affublé de ce porte-bonheur, qu’il ne lâchera plus pendant toutes ses années passées au sommet.

Justine Henin championne Roland-Garros 2006.© FFT
Casquette à l'envers

A déconseiller vivement ! Sauf peut-être à l'entraînement puisque c’est ce que Rafael Nadal choisit pendant ses séances. Si elle a été lancée à l’Open d’Australie 1989 par Ivan Lendl et Miloslav Mecir souhaitant alors se protéger de la canicule, la mode de la casquette à l’envers répond surtout à l’envie d’avoir un look streetwear tendance. Mais il y a un hic : personne n’a encore jamais gagné Roland-Garros avec une casquette retournée. Pire : on parle même de malédiction depuis que Coria a manqué deux balles de titre en 2004 face à son pire ennemi Gaston Gaudio qui lui… a attendu sagement la fin du match et la remise des prix pour retourner sa casquette. Bien vu !

Code couleur

Derrière l'indétrônable blanc, la couleur number one, the winner is... le bleu ! La Decima l'a prouvé, "Rafa" ayant gagné six fois avec un t-shirt bleu ou avec du bleu sur son haut. Federer était en bleu l'année de son seul titre à Paris, en 2009. Quoi d'autre ? La jupette de Monica Seles était bleue en 1991, comme celle de Chris Evert en 1983 ou de Serena Williams en 2013...

Derrière le blanc et le bleu, le rouge pourrait compléter le tiercé gagnant : Björn Borg (gagne en polo rouge en 1975), Rafael Nadal (2012), Novak Djokovic (2016), Virginia Ruzici (1978), Anastasia Myskina (2004). A moins que ce ne soit le jaune, choix en 1974 de Björn Borg, le premier vainqueur "en couleurs", repris en 2016 par Garbine Muguruza.

En tout cas, ce n'est certainement pas le noir. Si les championnes de Roland-Garros ont souvent porté du noir (Mary Pierce en 2000, Serena Williams en 2002, Svetlana Kuznetsova en 2009, Maria Sharapova en 2012), c'est la couleur à proscrire chez les hommes. Le short à la rigueur, mais surtout pas le t-shirt ni le polo. C'est la tenue chat noir ! Vous pouvez en effet secouer le palmarès messieurs dans tous les sens : personne n'a jamais gagné avec un haut noir.

Garbine Muguruza Roland-Garros 2016©Corinne Dubreuil / FFT
Coupes de cheveux

On a (presque) tout vu triompher au moins une fois : cheveux longs (Borg, Nadal...), cheveux courts (liste trop longue), queue de cheval (Graf, Henin...), queue de cheval avec chouchou (Seles...), dread locks (Noah a affirmé plus tard qu'elles étaient fausses et en laine, mais bon...), cheveux rasés (Agassi après sa période perruque...), cheveux frisés (Wilander...), tresses (Williams), coupe au bol (Chang, Kafelnikov)... Capillairement, il resterait à gagner Roland-Garros avec une teinture, une crête ou des bigoudis sur la tête pour que le tableau soit complet.

Jeanne Mas

L'association du rouge et du noir semble avoir connu sa petite heure de gloire en 2016 avec Novak Djokovic. Clin d’œil à la célèbre chanson française ou simple coïncidence, il n'en reste pas moins que ce fut une belle prise de risque.

Novak Djokovic Roland-Garros 2016.©Cédric Lecocq / FFT
Jupe

Mesdames, sur les courts, venez comme vous êtes. La robe à fleurs de Steffi Graf en 1995, genre papier-peint de salle de bains dans les années 1970 et le rose léopard de Serena Williams en 2015 ont ouvert toutes les portes.

Lunettes

Hommes et femmes confondus, il n'y a pas eu de champion(ne) à lunettes depuis Billie Jean King en 1972. Il est évident qu'il vaut mieux privilégier les lentilles de contact pour éviter de vivre la même mésaventure que Maud Galtier en finale du double dames en 1954 : la Française avait cassé ses lunettes en s'asseyant dessus lors d'un changement de côté et avait terminé la rencontre sans rien voir.

Moustache 

L’Américain Brian Gottfried a essayé de gagner Roland-Garros avec une moustache en 1977 mais il s’est fait défriser par l’Argentin Guillermo Vilas en à peine plus d’une heure (6/0 6/3 6/0). Une autre idée ?

Pantacourt VS Marcel

D'un point de vue "mode" ce n'est pas le combo le plus détonnant ... Mais pourtant, le pantacourt associé au débardeur semble porter chance sur la terre battue parisienne. Tout du moins pour Nadal et ses quatre victoires consécutives entre 2005 et 2008.

Rafael Nadal Roland-Garros 2006 ©Christophe Saidi/FFT.
Pardessus

Doit-on préciser que personne n'a jamais gagné le tournoi vêtu d'un pardessus ? Le cinéaste Jean-Luc Godard déclarait tout de même dans un entretien accordé à L'Equipe en mai 2000 : "Moi, mon seul rêve, c'est de jouer Roland-Garros en manteau, avec des gros souliers, en fumant...". Ceci restera un rêve donc.

Pyjama

Ne riez pas ! mais souvenez-vous plutôt ... Wawrinka et son fameux short à losanges assumé à raison puisque c'est avec ça qu'il a gagné Roland-Garros en 2015. Qu'on l'adore ou qu'on la déteste, cette pièce insolite est depuis devenue culte.

Rayures tennis

A la mode (quelques saisons seulement) il y a une quarantaine d'années avec Björn Borg (version 1978 et 1979) et Chris Evert (version 1980).

Robe à culotte apparente

Françoise Dürr l'a fait ! (Merci Ted Tinling ! ) En s'imposant à Roland-Garros en 1967, "Frankie", l'audacieuse, libère la silhouette sportive féminine et remporte son titre affublée d'une robe affriolante laissant visible ses dessous.

Françoise Dürr championne de Roland-Garros 1967 / Françoise Dürr French Open 1967 champion©Chantal Kuntz-FFT
Short

Since 1946. C'est depuis Marcel Bernard et le premier tournoi d'après-guerre que l'on ne sort plus vainqueur de Roland-Garros en pantalon. De 1946 à 1989, le tournoi se gagne invariablement en short blanc... Sauf en 1974, puisque Björn Borg fait une entorse au "dress code officiel" en remportant son premier "Roland" tout de jaune vêtu.

Mais la véritable révolution naîtra avec un vainqueur surprise, Andres Gomez, qui avait enfilé un short noir en 1990. Depuis l'Equatorien, le short blanc s'en sortira de moins en moins victorieux à Roland-Garros. A titre d'exemples : le bleu de Kuerten en 1997, le gris souris d'Agassi en 1999, le bleu-vert de Federer en 2009 ou encore le rouge-corail de Nadal en 2013.

Tenue de foot

Peu conseillé sauf pour Serena Williams, victorieuse aux couleurs des Lions indomptables juste avant le Mondial 2002. L'hommage n'a pas aidé le Cameroun, éliminé cette année-là dès la phases de groupes.

Serena Williams Roland-Garros 2002.© FFT
Visière

Plus élégant et tout aussi pratique qu'une casquette, la visière a coiffé moult championnes. Et ce dès l'an 1 de Roland-Garros, en 1928, avec Helen Wills. La liste est presque aussi longue que le palmarès ! Citons les dernières : Ana Ivanovic (2008), Li Na (2011), Maria Sharapova (uniquement lors de son deuxième titre, en 2014) et Garbiñe Muguruza (2016). Une tendance à suivre aussi bien sur court que hors court.

Helen Wills Moody.© DR

En conclusion, voici les deux tenues qui ont le plus de chances de vous faire soulever la coupe des Mousquetaires :

Pour les hommes, mettez un bandeau, un bracelet éponge et n'y allez pas de main morte sur le bleu...

Pour les femmes, adoptez la visière, faites une queue de cheval et osez la couleur surtout !